Depuis l’an 2000 a été lancé au Cap Vert un programme national de lutte contre la pauvreté en milieu rural (PLPR puis POSER), cofinancé par le Gouvernement et le Fonds International de Développement Agricole (FIDA). La particularité de ce programme tient à l’expérimentation et la mise en œuvre de formes de gouvernance participative et collaborative qui lui ont servi de ligne de conduite depuis plus de 20 ans.
Tirant les enseignements d’autres initiatives de ce type, notamment l’initiative LEADER conduite au sein de l’Union Européenne, les porteurs de ce programme ont peu à peu forgé avec la population locale un mode de gouvernance porteur d’avenir qu’’ils cherchent aujourd’hui à partager au-delà des frontières du pays. Les principes fondamentaux en sont les suivants :
1- Principe de la démocratie directe, par la création dans chaque village (communauté) d’une association des habitants, appelée ACD (Association Communautaire de Développement) fonctionnant comme un assemblée citoyenne microlocale (Association de Voisinage). 2- Principe de la démocratie collaborative par la constitution au niveau de chaque ile (3 dans le cas de l’île de Santiago) d’une plateforme de concertation multiacteurs, appelée CRP (Commission Régionale des Partenaires) avec les représentants de chaque ACD, les ONG et entreprises intervenant à ce niveau, ainsi que les pouvoirs publics (municipalités, administrations déconcentrées), faisant le lien avec la démocratie représentative locale et nationale.
3- Principe de la solidarité : Un fonds de solidarité est mis en place dans chaque ACD et CRP, alimenté par des aides extérieures (Etat, aides internationales), des partenaires des ACD et les habitants eux-mêmes, lesquels peuvent également contribuer en temps de travail volontaire mis à disposition de l’ACD, Toutes les actions soutenues par ce fonds sont codécidées dans les assemblées générales des ACD et sont destinées en priorité aux personnes les plus défavorisées ;
4- Principe de l’autonomie : L’objectif est également d’assurer autant que possible l’autonomie des communautés locales, y compris l’autonomie énergétique et en eau potable sans porter préjudice aux générations futures, en développant notamment des formes d’économie circulaire, recyclage, énergies renouvelables, liens directs avec les consommateurs urbains, etc..
5- Principe du bien commun : Tous les investissements réalisés par l’ACD avec, ou non, le fonds de solidarité restent propriété de l’ACD et ont de ce fait un statut de bien commun des habitants de la communauté. Ces biens communs sont soit d’usage collectif (comme les citernes d’eau, les aménagements villageois), soit mis à la disposition de qui en a le plus besoin le temps qu’il en a besoin de commun accord en assemblée générale de l’ACD. Par exemple des habitations sociales construites par l’ACD sont mises à disposition des familles en difficulté, mais restent un bien commune propriété de l’ACD. Font également partie du bien commun tous les éléments du territoire indispensables à la vie humaine et non humaine (paysage, eau, sols, etc.)
6- Principe de la transparence : Les décisions prises et opérations réalisées sont systématiquement documentées. Les résultats, les impacts et le fonctionnement de l’ACD et des CRP font l’objet de co-évaluations participatives permettant l’apprentissage collectif et une amélioration progressive de leur fonctionnement.
Promotion de le coresponsabilité pour le bien-être de tous : Par ces six principes l’ensemble des CRP et ACD et la Fédération des CRP qui les regroupe entendent contribuer à l’objectif de coresponsabilité pour le bien-être de tous promu par le Conseil de L’Europe et par le réseau TOGETHER, dont ils sont membres. Ces formes de gouvernance offrent aussi une réponse à la nécessité de décentraliser les services publics pour réduire leur impact carbone.
Vers un projet de solidarité universelle La Fédération des CRP entend développer des liens de solidarité avec des territoires et des pays qui partagent les mêmes valeurs et intérêts, dans un objectif de solidarité universelle indispensable pour le monde de demain, notamment dans les rapports entre les pays du nord et ceux du sud.